ISADORA
DUNCAN
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FRANCOIS MALKOVSKY.....
Comment
la liberté a donné à la danse justesse et beauté
Poème du corps qui a sa source dans les plus
anciennes traditions, la danse a poursuivi son évolution par un flux de
création plus ou moins florissant, libéré cependant à l'issue d'une révolution
qui a révélé, au début du siècle dernier, l'état de stagnation de la
danse par rapport aux autres arts.
Isadora Duncan
- née à San Francisco en 1878- fut cette révolutionnaire: elle a dénoncé
la mystification de la tradition académique. Son impact fut éblouissant:
sa présence, sa danse, et la lumineuse vérité, inspirée de la Grèce
Antique, proclamée dans chacune de ses manifestations, ont profondément
influencé son époque, inspirant de nombreux créateurs, secouant les idées
reçues. Son anticonformisme s'étendait à tous les domaines, s'efforçant
de transmettre liberté, esthétique
du mouvement naturel, du geste spontané plutôt que codifié.
Pour Isadora, la danse était une révélation, la mise à nu d'une
vérité essentielle : corps, esprit, âme ne font qu'un. Son génie
voulait révéler au monde ce qu'elle ressentait profondément: "Les
mouvements ne s'inventent pas, ils se découvrent".
C'est pourquoi elle n'a laissé ni méthode ni système. Pourtant, après
son passage, quelque chose a changé dans l'art de la danse...
François Malkovsky,
né en 1889 près de Prague, est nourri par les images des Carpates, où
il passe sa jeunesse. Il y puise sa connaissance et son amour de la
nature, et reste fasciné par l'élégance
et l'exactitude des mouvements des animaux, ainsi que par la puissance des
forces de la nature.
Arrivé à Paris en 1910, il
voit danser la belle américaine. Fréquentant à Paris Rodin, Cortot,
Bourdelle et Stravinsky, sensibilisés comme lui à la révélation
Isadorienne, il médite le message de cette "danseuse libre",
et, délaissant le chant, se consacre à l'étude du mouvement humain, et
à la création et la représentation de chorégraphies originales.
Mettant fin à son activité scénique après la deuxième
guerre mondiale, il se consacre à l'enseignement, jusqu'à sa mort,
intervenue en 1982.
Son enseignement prend appui sur les lois
universelles du mouvement, puisant
beaucoup dans l'observation du monde vivant:
-
bras et jambes sont le prolongement du corps;
-
le geste est la confirmation extérieure de l'activité de l'âme;
-
l'activité corporelle libérée est régie par le rythme vivant
universel, qui n'est pas celui du métronome, mais celui du balancier,
chaque fin préparant le début du mouvement suivant, l'immobilité
contenant le germe de l'action, l'action renfermant toujours la sérénité
de l'immobilité...
...
La pratique de la danse libre invite ainsi, par la subtilité du message
musical, à un certain déconditionnement du corps, vers une libération
des réflexes naturels. Cherchant à retrouver les coordinations motrices
à partir de la marche, en s'aidant de la pesanteur, le danseur privilégie
toujours la recherche de la source exacte du mouvement. Cet affinement
moteur permet de sentir en lui le centre de force motrice, de rendre libre
jeu aux ondulations réflexes de la colonne, et de retrouver la fluidité
d'un corps unifié.
"L'élégance est la plus
grande simplicité", disait
F. Malkovsky. La danse libre s'inscrit
dans un véritable art de vivre, mêlant expression du corps, philosophie
et poésie, offrant l'ineffable joie d'évoluer avec justesse dans la
magie de la danse.
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